Le Cimetière militaire de Oret/Corroy et la fosse commune de la Couture

Le cimetière militaire de Oret/Corroy et la fosse commune de la Couture :


Après les combats à Oret qui se déroulèrent le 23 et le 24 août 1914, les cadavres de soldats français et allemands étaient éparpillés dans tous le village.

Un témoin écrira : 

« Dans tous les coins on retrouvait des cadavres, sur la place, à côté des ruines fumantes des maisons Dewez Adolphe et Hubert Henri*, aux Roquettes, dans le chemin du bois d’Halloy, le long des murs du cimetière, dans les champs, au trou des Nutons : la lutte pour couvrir la retraite avait été chaude et meurtrière ».
 

Toute cette journée du mercredi 26 fut employée à l’inhumation des morts français et allemands et  la recherche des blessés. Quelques habitants étant revenus d’exode furent employés à cette lugubre besogne. Sur les indications des médecins militaires (majors) français, plus de 200 cadavres furent inhumés dans l’ancienne sablière Colin à la Couture, les autres un peu partout : des croix furent placées en septembre et octobre 1914 sur ces différentes tombes.

 

*: Entre l'école des garçons et la place

 

Les combats lors de la retraite furent particulièrement violents et le témoignage ci-dessus nous indique les endroits où la lutte fut la plus chaude.

Le Capitaine Lalande meurt en commandant les derniers défenseurs d’Oret :
Les Allemands ayant gagné de vitesse et débordé Oret, les compagnies du 3e tirailleurs engagées au nord-est, subissent des pertes pour parvenir à se dégager.
Le 3e tirailleurs algériens comprenant un bataillon du 7e tirailleurs se bat avec courage pour se retirer d’Oret. Ceux-ci sont hachés par les shrapnels qui pleuvent en tous sens. De nombreux officiers sont tués comme le chef du 3e bataillon Peyron, et celui du 4e bataillon, Bigotte. le capitaine Ferry, les lieutenants Gérôme, Kaudin et Bouzidi.
Les derniers soldats tombent en héros : Le lieutenant indigène Belfetmi blessé de quatre balles refuse d’abandonner son commandement et meurt frappé d’une cinquième, Les derniers tirailleurs se regroupent autour du capitaine Lalande et du sous-lieutenant Roux de la 15e compagnie. Roux s’écroule, frappé mortellement par un éclat d’obus. Le capitaine Lalande est blessé mais refuse de se rendre et meurt face à l’ennemi.

Ces derniers soldats valeureux et d’autres embusqués dans le village pour mener un combat à mort dans les rues et maisons font le sacrifice de leur vie pour sauver leurs frères d’armes. Ainsi selon les anciens un tirailleurs algérien était embusqué dans l'école des garçons et du soupirail, abattait les Allemands se dirigeant sur le pont. Il n'y eu certainement pas de quartier pour ces soldats.
 

Les corps: 

Tout de suite après la bataille, les nombreux soldats tués lors des combats furent inhumés là où ils étaient tombés : dans des champs, des prairies, parfois comme à Oret, ils y en eut tant que sur le conseil d’un major français, ils furent transportés et déposés dans une ancienne sablonnière qui fera fonction de fosse commune contenant près de 200 soldats.

Une cinquantaine d'autres furent enterrés çà et là à l'endroit où la mort les avait frappé. Ces tombes furent équipées de croix en bois en septembre et octobre 1914 afin de les situer car elles risquaient de disparaitre sous le pied du bétail ou le soc de la charrue. 

Le nombre impressionnant de soldats reposant dans la sablonnière de la Couture motiva les Allemands à réaliser un monument situé quelques mètres plus haut de la fosse commune à la lisière de Corroy, le long de la route de Rouillon.  Autour de ce monument, y furent rassemblés 45 soldats qui étaient éparpillés ça-et-là sur la commune d’Oret.  Il est probable que lesAllemands inaugurèrent ce petit cimetière militaire à la même période que celui de Wagnée et de Libenne/Maison St Gérard, soit peu avant l'armistice. 

Les tombes garnies d’une croix de pierres étaient disposées autour d’un monument central en pierre. Un muret en moellons ceinturait l'ensemble.

 

Le monument portait l’inscription suivante :

 

« Ehre dem andenken der hier ruhenden soldaten sie alle starben für ihr vaterland august 1914»

« Capitaine Lalande, Lieutenant Gerôme, 272 Franzosische, U.10 deutche soldaten »

« En l’honneur et en mémoire des soldats qui reposent ici. Tous morts pour leur patrie en août 1914 »

« Capitaine Lalande, Lieutenant Gerôme, 272 Français et 10 soldats allemands »

Le capitaine Lalande Le lieutenant Gérôme

Pourquoi faire honneur à ces 2 officiers ? Ont-ils impressionné les allemands par leur courage ? Mystère.

Après la guerre, en 1920, les autorités françaises exhumèrent leurs morts et transférèrent les corps au cimetière militaire de la Belle Motte et le monument fut démonté.
Un rapport de ces exhumations précise :
« il y avait 196 corps dans la fosse commune et 45 dans le cimetière au-dessus dans des cercueils
Le reste sans cercueil dans le dit cimetière et retrouvé dans plusieurs endroits.

La plupart des victimes étaient des tirailleurs algériens des 3e, 7e et 2e régiments, un grand nombre de zouave, puis des soldats de tous régiments, du 2e, 25e, 136e, 241e, 47e, 1 soldat du 71e,1 cavalier du 13e hussard et un autre du 6e chasseur d’Afrique.
Très peu d’algériens furent identifiés lors des exhumations. 

Ce cimetière ne contenant qu’essentiellement des Français, il fut rasé après les exhumations, n’ayant existé que peu de temps, il n’est pas resté dans la mémoire des habitants.

Si les Allemands n’inhument crânement que 10 soldats, il faut savoir qu’ils utilisèrent de nombreuses maisons ou granges comme celle de la famille Hastir au Tienne de Biesme comme four crématoire pour incinérer et cacher leurs pertes. Joseph Hastir avait gardé en souvenir les parties métalliques des uniformes allemands retrouvées dans les cendres et les décombres. Le nombre de pertes allemandes est donc impossible à estimer sur le territoire d’Oret. 
Les 10 Allemands inhumés à Oret sont probablement les blessés qui décédèrent au couvent des sœurs, après l’opération de nettoyage. 

Comme les autorités françaises exhumèrent les corps de leurs compatriotes pour les transférer au cimetière de la Belle-Motte, on peut supposer que les 10 allemands furent transféré au cimetière de Wagnée. C'est seulement dans en 1956 que ces derniers seront transféré à leur tour vers les cimetières de Vladslo et de Landemark.

La fllèche rouge indique l'endroit où se trouvait le cimetière militaire. La sablonnière se trouvait quelques mètres plus loin.

Dossier d'exumation des corps  Agrandir l'affichage sur votre écran pour lire les documents

 

Comme officiers retrouvés :
•    Un tirailleur algérien galon de sous-lieutenant, plaque d’identité : officier Roux Pierre. Dieppe, mars 1888.
•    Uniforme tirailleur algérien, écusson du 3e  régiment, galons de capitaine. Caleçon avec « L » brodé : serait-ce le capitaine Lalande ou la capitaine Lucas ? 
•    Uniforme tirailleur algérien, écusson du 7e régiment, galons de lieutenant : Le lieutenant Gérôme a été enterré dans cette fosse ; est-ce lui ? on peut le dire.
•    Uniforme tirailleur algérien, écusson du 3e régiment, galons de capitaine, molaire droite recouverte en or.
•    Uniforme de tirailleur, galon de sergent inconnu.
•    Débris d’uniforme de zouave, galons de sous-officier inconnu »

Endroit où se trouvait le cimetière militaire. Le long de la chaussée, face au hameau de Corroy

Fiches de décès des soldats inhumés à la Couture

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Cimetière de Wagnée

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Cimetière de Maison/Libenne

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Cimetière de Oret/Corroy

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