Funérailles d'Emile Pircard, ancien combattant 14-18 d'Oret

Discourt deu bourgmestre Narcisse Henry lors des funérailles d'Emile Pircard, ancien combattant d'Oret décédé en 1936.

Mesdames, Messieurs

Au nom de l'administration communale, au nom de la section des anciens combattants d'Oret, je viens rendre un ultime hommage à notre cher frère d'armes, Emile Pircard si prématurément enlevé à l'affection de sa chère épouse et de ses parents.
Emile Pircard naquit à Oret le 26 avril 1885 d'une famille honorable, il reçut dans sa jeunesse, une éducation soignée qui en fit plus tard un homme de devoir et respecté. Partout là où il a passé, il a laissé le souvenir d'un homme de travail d'ordre et d'entière honnêteté. 
Emigré en France en août 1914, il fut appelé sous les drapeaux avec le contingent 1916 et incorporé à la 6e division 2e régiment des carabiniers, où il déploya toutes les vertus patriotiques. Décoré de la croix de guerre, de la médaille commémorative et de la victoire, il fut un soldat héroique qui ne connaissait pas la peur.
Il combattit dans le terrible secteur de Nieuport où il fut gazé. A la grande offensive, il monte la crête de Passchendaele. A Vierkaven*, son régiment vint relever les grenadiers et le jour suivant ce fut l'offensive, la marche sur Roulers, sa compagnie est prise dans un feu de barrage, Emile tombe la cuisse traversée par un éclat d'obus et pendant plus d'une heure, il reste là étendu sans soin sous une rafale d'obus qui l'avait couvert de terre.
Rentré au pays, il choisit une digne épouse et prit un emploi au chemin de fer et l'on croyait que désormais il allait vivre heureux au milieu des siens quand il fut atteint d'une terrible maladie dont il souffre depuis 5 ans conséquence des gaz, des émotions et des souffrances de la guerre.

Désormais notre pauvre camarade Emile ne fut plus qu'une épave et c'est avec compassion que nous le regardions passer au bras de sa vieille et courageuse mère; en voyant ce tableau, on ne pouvait s'empêcher de compatir à la douleur de ces vieux parents qui avaient perdu leurs 2 ainés en pleine force et en pleine jeunesse et l'on avait un sentiment de révolte contre l'horrible fléau de la guerre dont les conséquences allaient encore enlever le dernier enfant. Celui qui aurait dû être leur consolation et leur soutien pour achever le rude et triste chemin de la vie.
C'est une perte irréparable pour son épouse, pour ses parents éplorés. Puissent les grandes qualités du défunt, puisse la sympathie générale qui les entoure aujourd'hui apporter un adoucissement à cette grande douleur.
Nous avons le ferme esprit que dans le ciel, Dieu lui a accordé la récompense de ses mérites, de ses souffrances supportées avec patriotisme et résignation chrétienne.
Au nom de l'administration communale, au nom de toute la population, au nom des anciens combattants dont les drapeaux s'inclinent sur votre cercueil, recevez cher camarade, l'adieu respectueux et reconnaissant que l'on doit à ceux qui ont combattu et souffert pour la patrie.

Emile Pircard époux de Célina Demaret est décédé le 18 mars 1936 

Narcisse Henry, discourt à la main lors de l'enterrement d'un ancien combattant
Vue de Vierkavenhoeck en 1917

​Nieuport en 1917

* Vierkaven (Vierkavenhoek) était un bois appelé "Split Wood" (Bois fendu) par les Anglais. Il se trouve un peu plus haut de la ligne Passendale - Moorslede. Ce lieu  se trouvait dans ce que les Allemands appelaient la "Flandern III stellung. De nos jours on peut encore y trouver un bunker faisant partie de cette fortification. https://inventaris.onroerenderfgoed.be/dibe/relict/24213

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