Amédée Barolle caporal au 3e RTA, tué à 18 ans dans la plaine de Wagnée
Amédée Barolle est né le 9 février 1896 à la Calle (Algérie). Il le cadet des 6 enfants de Jean Felix Barolle et de Marie Françoise Lombard originaires du département de Haute-Saône en Franche-Comté.
Le père d’Amédée, Jean Felix s'est illustré pendant la guerre de 1870 à la bataille de Beaumont près de Sedan. La moitié de son régiment le 88e de ligne est mis hors de combat pour couvrir la retraite d'un corps d'armée. Il est fait prisonnier lors de la capitulation de Napoléon III à Sedan. A son retour de captivité, il décide de rester dans l'armée en Algérie. Il y finit sa carrière comme adjudant-chef au sein de la 4e compagnie de fusiliers de discipline d’Aumale (Sour El Ghozlane), formation militaire dont les soldats étaient des condamnés purgeant en son sein la peine prononcée par une juridiction militaire.
Jean-Félix Barolle avec Antonin le frère d'Amédée.
Les parents d'Amédée résidant toujours en Algérie, il est envoyé loin de sa famille à l’école d'enfants de troupe de Saint Hippolyte du Fort dans le Gard.
L’école d'enfants de troupe de Saint Hippolyte du Fort
Le 7 octobre 1884 est établie une convention entre le département de la Guerre et la Ville de Saint-Hippolyte-du-Fort, pour l'installation d'une école d'enfants de troupe dans un ensemble comprenant une ancienne caserne du XVIIIe siècle et des bâtiments neufs créés pour l’occasion.
Outre les locaux réservés aux élèves, le commandant de l'École aura son pavillon, les officiers et sous-officiers leur cercle et leur mess. L'École reçut ses premiers élèves en septembre 1886
Les enseignants dirigés par un professeur principal étaient peu nombreux : deux par compagnie ; un littéraire et un scientifique. Le manque d’encadrement scolaire entraînera une désaffection des écoles militaires préparatoires. Cette désertion des établissements amena un temps l'Administration à envisager la fermeture des écoles. Cependant en 1912, l'évolution vers des niveaux plus élevés permit une reprise du recrutement.
Réfectoire de l’école d'enfants de troupe de Saint Hippolyte du Fort |
Amédée en tenue d'enfant de troupe |
L’école d'enfants de troupe de Saint Hippolyte du Fort. Amédée est le 3e enfant assis à gauche. Sur la photo on aperçoit le capitaine responsable de l'école militaire. Les 2 civils sont probablement les 2 enseignants de la compagnie.
Recto de la photo de groupe ci dessus : Amédée l'envoie à son frère Antonin avec un mot affectueux |
Toujours à Saint Hippolyte du Fort. Amédée adolescent soldat et deux de ses compagnons. |
Monument aux mort de l'école militaire de St-Hippolyte |
Sur la plaque commémorative "A Barolle" |
Après sa scolarité, le 09 février 1914, soit le jour de ses 18 ans, Amédée signe à la mairie de Saint-Hippolyte-du-Fort, son engagement dans l’armée. Il choisit tout naturellement, le régiment des tirailleurs algériens.
Après ces années qui ne furent pas certainement des plus heureuses, dans son école d’enfants soldats, Il repart vers l’Algérie, le pays ensoleillé où il a vu le jour. Le 27 février il est en Afrique et intègre le 3e régiment de tirailleurs algériens, dans la 5e compagnie du 2e bataillon.
Le 21 juillet Amédée est nommé caporal. Malheureusement la guerre éclate. Avec son régiment, il doit repartir sur le continent. La 37e division d’Afrique est incorporée au 10e corps et se retrouve face aux Allemands près de la Sambre en Belgique.
Si son régiment est présent près de Fosses-la-Ville, Arsimont et joue un rôle secondaire les 2 premiers jours de combats soit les 21 et 22 août, il est en avant de la ligne de front les 23 et 24. son objectif est d’empêcher l’avance ennemie devant la route de Rouillon, pendant que les 19e et 20e divisions très ébranlées des combats de la veille se réorganisent en arrière.
C’est sa compagnie, la 5e, qui s’élancera entre le sommet des bruyères et la route de Wagnée dans une furieuse contre-attaque : suivant leur lieutenant Gilot, Amédée Barolle et ses camarades s’élancent dans un acharné corps à corps à la baïonnette destiné à repousser les troupes hanovriennes qui viennent d’atteindre dangereusement la ligne de front.
Amédée n’avait que 18 ans le 24 août 1914 lorsqu’il fut tué à Wagnée.
Anecdote émouvante : des dizaines d’années plus tard on retrouvera une cartouchière déchirée à la lisière du bois à Wagnée. Ce témoin des furieux combats était frappé avec un numéro de matricule, celui d’Amédée Barolle
Cartouchière d'Amédée Barolle retrouvée sur le champ de bataille de Wagnée |
Février 2017 devant les Bruyères: le petit neveu d'Amédée Barolle et son fils (à gauche), sont venus se recueillir à l'endroit ou leur aïeul est tombé. A droite, JP Defresne devant la stèle du capitaine Peslin.