Page 3: Le 24 août, la retraite
Repli des 19e et 20e divisions :
Soldats du 71e régiment de St Brieuc, 37e brigade de la 19e Division.
La 19e division se trouve entre Biesmerée et Stave :
« Les Français se sont retirés sans combat, le dimanche soir dans le bois allant du « gros Tilleul » au chemin de fer « Tamines-Dinant ».
Florennes Août 1914. Régiment français venant de la route de Mettet |
Sur la ligne de front à Wagnée :
Position de l’artillerie le 24 au matin :
Le repli des avant-postes jusqu’à l’extrême sud du village :
Repli pénible et meurtrier vers Florennes :
Les derniers officiers défendant Oret tombent héroïquement :
Le chef du 3e bataillon Edouard Peyron | Le Capitaine Lalande | Le lieutenant Jérôme |
Le 3e tirailleurs algériens comprenant un bataillon du 7e tirailleurs se bat avec courage pour se retirer d’Oret. Ceux-ci sont hachés par les shrapnels qui pleuvent en tous sens. De nombreux officiers sont tués comme le chef du 3e bataillon Peyron. le capitaine Ferry, les lieutenants Jérôme, Kaudin et Bouzidi.
Les derniers soldats tombent en héros : Le lieutenant indigène Belfetmi blessé de quatre balles refuse d’abandonner son commandement et meurt frappé d’une cinquième, Les derniers tirailleurs se regroupent autour du capitaine Lalande et du sous-lieutenant Roux de la 15e compagnie. Roux s’écroule, frappé mortellement par un éclat d’obus. Le capitaine Lalande est blessé mais refuse de se rendre et meurt face à l’ennemi.
Historique du 92e régiment d'infanterie concernant la prise du village d'Oret:
La 40e brigade d’infanterie se lançe alors en une colonne avec le Leib Bataillon à l’avant-garde à la poursuite de l’ennemi en direction du sud-est vers Mettet par la route Presles/Vitrival.
Les nombreux havresacs, vêtements et pièces d’équipement abandonnés attestent du repli précipité des Français, parmi ceux-ci se trouvent encore pas mal de choses utilisables, notamment des conserves. Étant donné le manque de nourriture chaude, elles viennent constituer un complément bienvenu à nos provisions, ajouté à cela, une grande quantité d’œufs, lard, sucre et vin trouvés dans une ferme abandonnée.
Ce don inattendu avait réveillé le moral des soldats, et c’est dans les meilleures dispositions possibles que la troupe se lance vers à la poursuite de l’ennemi.
Via Le Roux où quelques zouaves furent encore tirés de leurs repaires et faits prisonniers, la marche se poursuit à la lisière est du Bois du Prince et c’est à 10h20 du matin que le régiment atteint la lisière sud de Devant les Bois.Cliquez pour lire la suite: http://www.mettet14-18.be/articles/historique-du-92e-regiment-dinfanteri...
Récit de Werner Heinrich Oskar Dittmann, soldat allemand du 77e régiment d'infanterie :
http://www.luftfahrtarchiv-koeln.de/fliegerstation_dittmann.htm
24 août, très tôt le matin, après la préparation d’artillerie, nous partons de l’avant. Sur notre gauche se trouve de nouveau le régiment de la Garde.
Nous arrivons sans réaction de l’ennemi à l’orée du bois et passons les tranchées françaises. Celles-ci sont remplies de morts: visiblement le tir de nos obusiers a été merveilleusement précis.
Juste avant d’arriver dans le village d’Oret, nous essuyons des tirs, nous allons de l’avant comme à l’exercice. Ce sont des Turcos face à nous. Personne ne pouvait les arrêter.
Néanmoins, suite à une attaque frénétique, le village d’Oret est pris.
Beaucoup de turcos sont tués, les autres s’enfuient. Nous pillons le bled, les habitants ont pour la plupart évacués.
Derrière le village, nous rassemblons tous les combattants. Des coups de feu sont tirés dans notre direction, venant des buissons.
Lors de notre avance, nous voyons les corps de quelques turcos abattus d’une balle dans le dos ou le corps éventré à coups de baïonnette
Soudain, nous entendons un coup de feu. Nous recherchons d’où il vient et trouvons un officier français qui a venait de se suicider avec son révolver. Il ne voulait pas tomber vivant entre les mains de ses ennemis !
Nous avions par ailleurs fait un grand nombre de prisonniers.
Dans la soirée, nous prenons nos quartiers à Fraire.
Le lendemain, l'aviation françaises essaiera de retarder la poursuite des allemands par le lancé de flèchettes métalliques. En effet, le témoignage du soldat précise:
25 août 1914
Nous reprenons la marche vers Walcourt. En chemin nous rencontrons un ordonnance blessé par des fléchettes françaises. Le Lieutenant de réserve Bartels prend le commandement de notre compagnie.
Image exceptionnelle prise le 24 août 1914 à Oret: rassemblement de soldat de la 3e compagnie du 92e régiment "après la tempête" A l'avant gauche, le lieutenant von Unger avec au centre des prisonniers algériens "gefangenen schwarzen franzosen" : des prisonniers noirs. |
Branche d'arbre percée par une fléchette d'aviation le 5 aout 1914, provenant du jardin de la famille Woltz à Lunéville. (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier http://lagrandeguerre.cultureforum.net/t68723-flechette-d-avion |
La mort du Colonel Taupin :
Cliquez sur l'image pour découvrir le diaporama | Le lieutenant-colonel Sibra du 2e tirailleurs, mortellement blessé le 24 août. |
Retraite de la 73e brigade (colonne Est)
Toutes les unités se replient sur Florennes. Il faut reculer par paliers tellement le feu des batteries allemandes est intense.
Un service d'ordre très serré est assuré par la prévoté* afin de faire dégager toutes les routes autour de Florennes et permettre aux colonnes du CA en marche sur Philippeville de ne pas être arrêtées dans leurs mouvements
« Les noms dont la conduite fut particulièrement belle sont trop nombreux à citer, car tous seraient à citer : signaleurs continuant debout sous le feu à transmettre les ordres et instantanément remplacés sitôt tombés, les servants à leur poste comme à la manœuvre continuant leur tir avec la même correction, lançant leurs coups à la cadence réglementaire, les conducteurs arrivant au galop sous un feu intense réapprovisionnant les caissons vides, les officiers impeccables dans le commandement de leurs pièces : les Officiers faisant simplement leur devoir ! »
« L’aube du 24 août, il faut tenir résolument jusqu'à 8h40 pour protéger la retraite dont l’ordre, hélas, vient d’être donné. Les deux autres bataillons laissés en réserve depuis la veille, sont appelés en deuxième ligne devant le village de Corroy où ils doivent tenir jusqu'à 7h30.Sur la route de Florennes défilent, dans un interminable désordre, des batteries, des soldats couverts de poussière, d'inutiles cavaliers. De nombreux blessés couverts de sueur et de sang sont hâtivement pansés dans les fossés de la route, chargés sur les voitures, sur les caissons qui se succèdent sans arrêt. D'autres, qui peuvent marcher vont grossir les rangs déjà désordonnés des troupes qui passent. Et tout ce flot lamentable reflue vers le Sud sous la protection des Tirailleurs qui font encore face à l'ennemi. Le 5e Bataillon a ouvert le feu sur des masses grises qui suintent des bois et bondissent dans sa direction : les mitrailleuses, elles aussi, tirent sans relâche : surpris, les Allemands s'arrêtent et se couchent. Mais leurs canons se rechargent sans cesse.Une pluie d'obus décime nos rangs ; durement éprouvés les bataillons de deuxième ligne dont la mission est accomplie se replient en ordre dispersé, et gagnent les bois en direction de Florennes. Au bataillon de tête les pertes sont plus lourdes encore : son chef, le Commandant Lelain, blessé à la poitrine, reste cependant ferme à son poste tout comme le Capitaine Sigonnet, atteint lui aussi, et qui persiste à diriger le tir de ses hommes. Le Capitaine Verbier est tué; un de ses officiers, le Lieutenant Rivet, grièvement blessé, a disparu et les rangs, hélas, sont bien éclaircis. Mais la vaillante troupe qui, sans faiblir, a tenu tête à l'ennemi, peut maintenant retraiter à son tour : par échelons de compagnies elle gagne les bois, s'acheminant vers Philippeville.A Florennes on amène, soutenu sur un cheval privé de cavalier, le Lieutenant-Colonel Sibra, le Commandant du Régiment, grièvement blessé par les éclats d'un obus qui vient de décimer sa liaison et de mettre hors de combat son adjoint, le Capitaine Auzouy (…). Privé de son chef, le régiment s'éloigne marchant vers le Sud. Et tout à coup surgissent à sa droite quelques Hussards de la Mort bien décidés à semer la panique ; très rapidement nos fusils ont raison de leur témérité : plusieurs cavaliers frappés à mort vident leurs étriers, et leurs chevaux qui galopent, affolés sont recueillis par nos hommes tout heureux de ces prises, tandis que tournent bride et disparaissent les derniers assaillants. »
Adolphe Dereppe devant la ferme des Pavillons |
Pièce de fouille dans la région : Cartouche de Lebel retrouvée dans leur papier d'origine (collection particulière) |
Les derniers soldats français évacuent Florennes, arrivée des premiers éclaireurs allemands :
« Florennes, les derniers soldats de l’armée française en retraite passèrent dans notre ville dans la matinée de ce 24 août. L’un d’eux resta en arrière attendant les Allemands. Trois uhlans* arrivèrent en éclaireurs sur la place verte. Il tira et les descendit tous les trois, deux furent tués, l’autre blessé au bras…Dans l’après-midi, les régiments allemands entrèrent en ville. Le général se présenta pour s’installer chez moi. Après avoir réquisitionné notre maison, il décida de se fixer dans la maison de notre voisin, abandonnée par son propriétaire…Un détail qui montre la crainte des Allemands d’être victimes de coups de feu de la part des civils belges : Je regardais derrière le rideau, les Allemands arrivaient sur la place verte où j’habite, ils longeaient les murs portant le fusil dans l’attitude des chasseurs poursuivant le gibier, dirigeant le canon de leur arme vers les fenêtres, d’où ils paraissaient s’attendre à recevoir des projectiles.
*: il s'agit de hussards et non de uhlans
A gauche l'habitation du juge Allard, au centre avec des clochetons, la maison où le général Allemand préféra s'installer
Dr Paul Rolin:
Le 24 août vers 10H00 du matin, une patrouille de hussards de la mort (17e régiment de Brunswick) commandée par le sous-officier Hermann Cuina, passait à Florennes sur la place Verte. Arrivé à peu près vis-à-vis du café Génicot, elle fut attaquée par un artilleur français caché derrière la cabine électrique située à côté de la gendarmerie. Deux hommes furent tués avec leurs chevaux. Le sous-officier ne fut que blessé.
Le tireurs français s'approcha des Allemands, leur prit divers objets, de quoi faire un trophée, puis enfourcha l'un des chevaux et partit dans la direction de Philippeville pour rejoindre son groupe en retraite. Le colback d'un hussard de la mort du orné de la tête de mort devait être un splendide trophée pour un soldat français.
Florennes: cavalerie allemande montant la route de Phillipeville |
3 hussards du 17e régiment de Brunswick comme ceux qui furent abattus à Florennes. |
Le colback des cavaliers de ce régiment est orné d'un tête de mort très caractéristique, d'où leur surnom de "hussard de la mort". Un siècle plus tôt le 17e hussard se battait à Waterloo contre les Français.
« Les maisons étaient bombardées par l’ennemi, le major décida de se rendre et fit sonner le cesser le feu par un clairon belge. Le feu ne cessa que 20 minutes après. Ayant déposés nos armes avec des larmes plein les yeux, plusieurs brisèrent leur fusil. Nous nous rendîmes sur la route où les Allemands vinrent nous capturer après avoir installé préalablement une mitrailleuse sur la place de Florennes »
« Nous fûmes dirigés sur Mettet, la nuit tombait et notre chemin était éclairé par des fermes qui brûlaient. A la sortie de Florennes, nous vîmes assez bien de cadavres de tirailleurs tombés par paquets de 5 ou 6. J’ai su plus tard qu’ils avaient chargés à la baïonnette sur les batteries allemandes mais ce geste héroïque n’avait pu s’accomplir en entier. Les sentinelles qui nous encadraient nous montraient en riant nos camarades morts.
Capitaine Verbier du 2e RI des tirailleurs algériens, tué à Florennes le 24 août 1914 lors de la retraite. |
Fiche de décès du capitaine Verbier (M.D.H) | Tombe du capitaine Verbier inhumé à Dinant |