Liste des déportés du 25 novembre 1916
Manquant cruellement de main-d'oeuvre pour faire fonctionner l'économie et l'industrie, le 15 mai 1916 le grand gouverneur von Bissing publie un arrêté autorisant le travail forcé des hommes "sans emploi" dans les pays occupés.
Dès novembre 1916, village par village, les hommes à partir de 17 ans, sont "enlevés" et partent dans des wagons à bestiaux vers l'Allemagne. Dans la réalité des faits, qu'ils soient sans-emploi ou non, tous les hommes sont embarqués "manu militari" pour l'Allemagne. Si certains sont exemptés comme les prêtres, les instituteurs, les médecins, les avocats... c'est essentiellement les ouvriers que l'on recherche.
Les déportés sont parqués dans des camps comme à Cassel, où ils ne sont séparés des prisonniers militaires que par un mur de 2m50. Ils ne doivent rester là que provisoirement en attendant de les placer dans les usines, néanmoins comme les déportés refuseront à quelques exceptions près, de signer un contrat de travail, ils resteront dans les camps et seront victimes de mauvais traitements et de manque de soins.
Le nombre de déportés qui décéderont en Allemagne ou des suites de leur déportation sera effrayant.
La quatrième opération d'enlèvement des hommes du diocèse de Namur a eu lieu à la gendarmerie de Fosses, le samedi 25 novembre 1916.
Plusieurs villages de l’entité sont concernés. Les hommes sont convoqués puis déportés ou « enlevés » disait-on à l’époque.
Mettet.............................169 enlevés
Saint Gérard et Maison..105 enlevés
Biesme...........................94 enlevés
Ermeton-sur-Biert...........47 enlevés
Furnaux..........................36 enlevés
Graux ............................13 enlevés
Mais aussi
Aisemont.......................12 enlevés
Arsimont........................26
Denée...........................58
Falisolles......................59
Fosses.........................121
Ham-sur-Sambre.........28
Le Roux.......................19
Sart-Eustache..............8
Sosoye Maredret.........54
Tamines.......................98
Vitrival..........................45
Soit un total de 992 hommes enlevés
La déportation est un véritable drame pour la population de l'entité de Mettet puisqu'en quelques mois, 36 hommes, au moins, y laisseront la vie. Si nous y ajoutons Désiré Massinon mort à Soltau en 1914, il y aura autant de civil mort dans les camps allemands que de soldats morts lors des quatre ans de combat (37 soldats de l'entité morts au front).
Document imprimé par Palate-Rolen de Mettet |
Le document ci-contre imprimé à Mettet par l'imprimerie Palate -Rolen est très intéressant:
Il nous montre l'image d'un déporté courbé, affligé et s'aidant d'une canne.
Cette vision très réductrice des déportés va contraster avec celles des soldats, les "héros" fiers et droits et leur portera un grand préjudice.
Les déportés n'oseront pas revendiquer leur statut de victime de guerre aux côtés des " héros" de l'époque. De plus il existera une suspicion concernant ces déportés: il est vrai que certains céderont au chantage et menaces des Allemands et "signeront" un contrat de travail.
Armand Piret de Maison, un cas malheureux:
Le cas d'Armand Piret de Maison-St-Gérard est assez malheureux, ce jeune homme de 28 ans, menuisier de profession, fut une première fois déporté à Soltau lors de l'invasion en août 1914. Il rentre au pays avec une mauvaise santé. En Novembre 1916, il est de nouveau déporté à Cassel. Cette seconde déportation lui sera fatale. Vicitme d'un refroidissement puis de fièvre, il sera hospitalisé au camp, Délirant, il voulu quitter l'hôpital dans un accès de fièvre et fut froidement abattu par une sentinelle allemande le 23 décembre 1916.
Récit de l'abbé Quinet de Maison lors de l'invasion allemande en août 1914, concermant les mauvais traitements dont fut victime A Piret :
Les soldats allemands ont obligé un jeune homme de la paroisse de Maison, Armand Piret, de se dépouiller completèment de ses habits, puis ils ont emmenné ce jeune homme en Allemagne, où il a souffert de la faim et de toutes sortes de mauvais traitements pendant 9 mois.
Au camp de Cassel, les déportés ne sont séparés des prisonniers militaires que par un mur de billes de chemin de fer de 2m50. Néanmoins la façon dont ils sont traités est beaucoup plus sévère. Les déportés sont privés de nourriture et victimes de fréquentes vexations.
Un extrait du journal de Léon Frérot, publié par J-L Van Belle indique ceci:
20 décembre, lors de l'enterrement de d'Alphonse Preudhomme de Devant les bois, Léon Frérot participe aux funérailles, l'inhumation du corps a lieu dans la partie "militaire" du camp.
Nous sommes passés dans le camp des militaires prisonniers de guerre. Des Français, des Russes, des Italiens, des Anglais. Nous avons même vu des soldats écossais et des cosaques. Ils sont très aimables envers les civils, ils savent que l'on meurt de faim dans le camp et quand ils peuvent, sans être aperçu des Allemands, nous font parvenir des vivres, des cigarettes, du tabac, du pain ou des biscuits.
Ce jour-là Mr Frérot reçoit une boîte de lait concentré, en cachette car il est interdit aux militaires de donner de la nourriture aux déportés civils.
Déportés civils au camp de Cassel | Camp de Soltau : les baraquements sont juste recouverts de toile |
Voici la liste dans un premier recensement pour l'Entité de Mettet. Source Archives de l'Evêché de Namur.
Mettet 169 déportés dans un premier recensement :
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NB: la plupart des professions sont celles exercées avant la guerre. Pendant la guerre, chacun a accompli un peu toutes les besognes qu'il trouvait (sic)
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Daniel Hanseval Photogaphié lors de son service militaire après la guerre originaire de Corroy/Mettet, il fut déporté en 1916. |
Réné Tacheny machiniste déporté de Mettet René était le frère de Jules Tacheny |
Affiche de propagande afin d'encourager les Belges d'aller travailler en Allemagne |
Saint-Gérard 105 déportés dans un premier recensement :
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Biesme 94 déportés dans un premier recenement :
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Ermeton-sur-biert 47 déportés dans un premier recensement :
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Furnaux 36 déportés dans un premier recensement :
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NB: la plupart des professions sont celles exercées avant la guerre. Pendant la guerre, chacun a accompli un peu toutes les besognes qu'il trouvait (sic)
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Graux 13 déportés dans un premier recensement :
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