l'occupation
L'occupation allemande dans l'entité de Mettet
Le 04 août 1914, la neutralité de la Belgique est violée par l’Allemagne.
Suite aux massacres de civil et aux incendies des habitations, la Belgique va apparaître comme un pays martyr. C’est aussi le seul pays qui est presque totalement occupé.
Avec l’arrivée des Allemands, la vie dans nos villages va beaucoup changer.
Une partie importante des habitants ont fui la guerre et sont partis en exil en France. Certains, comme le curé de Graux, reviendront quelque temps après, mais la plupart ne rentreront qu’après la libération.
Au village de Mettet 500 personnes environ sont exilées, c’est énorme cela représente au moins 15% de la population.
Pour ceux qui restent, la vie continue, mais elle va être très différente : l’économie ralentit et est presque à l’arrêt. La plupart des ouvriers se retrouvent au chômage et vivotent de petits travaux dans les fermes. De nombreuses familles doivent se débrouiller, car le chef de famille est sous les drapeaux ou déjà fait prisonnier en Allemagne.
Suite au blocus de l’Allemagne, l’occupant va épuiser les différentes ressources de notre pays. Chaque village, chaque habitant sera touché.
Nos ressources sont réquisitionnées par l’occupant : Cuivre et métaux divers ; laine de mouton ; paille ; foin ; céréales ; pommes de terre ; fruits des vergers ; matelas ; arbres ; sacs de ciment ; chevaux…
La situation est telle que le curé de Biesme écrira que "le manque de vêtements et de chaussures se fit sentir au détriment de la fréquentation de l'église".
Une chance dans tout ce malheur : Les États-Unis et d’autres pays, émus par l’agression dont est victime notre population, non-agressive et martyrisée, mettent en place un plan d’aide alimentaire, évitant la famine et une mort certaine de milliers de Belges.
Pour l’exemple, en Allemagne, jusqu’en 1919, des dizaines de milliers de civils meurent dans le Grand Berlin des suites de la famine et la mortalité infantile augmente de 50%.
Ci-contre: Réalisation scolaire d'une jeune fille de Mettet : Le message est clair: " Coeur Sacré de Jésus, Sauver la Belgique et son Roi"
Le studio Biot durant l'occupation. |
Une invention allemande: la carte d'identité Carte d'identité (Personal-Ausweis) de l'instituteur d'Oret. |
Les Allemands ont vandalisé la maison Biot en 1914. Comme la famille Biot est en Exode à Paris, des habitants ont placé quelques planches sur la fenêtre brisée
Suite à l'occupation allemande, les habitants doivent avoir une carte d'identité: c'est une nouveauté pour les Belges !
Les réquisitions:
Ci-contre document de l'administration d'Ermeton-sur-Biert concernant la livraison de harnais et de pneus réquisitionnés par l'occupant.
Ermeton 1915, ordre de saisie des noyers |
Enlèvement des noyers en 1918 à Mettet (Scry) par les Allemands . Les noyers servaient à faire les crosses des fusils. Ont réquisitionnera aussi les ormes pour le même usage. |
Ci-dessus réquisition de l'avoine : le calcul est fait en fonction de la surface cultivée.
L'obligation de loger les militaires:
Les habitants sont obligés de loger les troupes. Soit les soldats d’occupation (généralement des hommes âgés). Soit des troupes de passage.
Il existait un plan pour identifier les maisons ou les fermes suffisamment spacieuses pour accueil des soldats et leur capacité d’hébergement.
De cette façon en cas de passage de troupes l’administration allemande pouvait rapidement loger les soldats pour la nuit ou à l’abri des intempéries.
Chaque habitation était ainsi numérotée d’une façon spéciale : « un chiffre situé à gauche de la porte et de 20cm minimum de hauteur ».
On voit clairement ce chiffre sur la photo ci-dessus : il s’agit de la ferme Degraux à l’Estroit-Rabooz. Aujourd’hui siège de l’AIEM.
Photo prise à l'Estroit. Les jeunes femmes se laissent prendre à la magie de la photographie. Le cliché fut pris vers 1917 ou 1918, par un Allemand. En avant plan Germaine Degraux (née en 1901). Assise à droite, Polomée, une orpheline recueillie à la ferme chez les Degraux. Le cliché venant d'Allemagne, Il est probable qu'un allemand, si pas les deux, présents sur la photo logeaient à la ferme et se font tirer le portrait afin de l'envoyer à leur famille. Source : Mettet dins l'timps |
Biesme 1917, défraiement d’une habitante par la commune pour le logement de soldats
Soldats allemands à Mettet lors d'une fête de Noël. Les Allemands apportenont une tradition inconnue chez nous : "l'arbre de Noël", il est présent ici sur la photo. |
L'aide alimentaire :
Une des plus grande préoccupation des habitants durant l'occupation est d'arriver à nourrir sa famille
Durant la guerre, le prix des denrées alimentaires flambent de façon exorbitante, certains agriculteurs profitent de la situation :
Abbé Faucomont de St-Aubin:
Malheureusement beaucoup de nos cultivateurs, loin de se montrer généreux ont profiter de la guerre pour augmenter leur fortune
Les vêtements manquent cruellement, à tel point que le curé de Biesme écrira que "le manque de vêtements et de chaussures se fit sentir au détriment de la fréquentation de l'église".
Le CRB, Commission for relief of Belgium fut créée sous l'initiative d’Herbert Hoover.
Hoover a entrepris une opération de secours sans précédent à la tête de la CRB. Son budget 12 millions de dollars par mois fut fourni par des contributions volontaires et des subventions gouvernementales essentiellement d'Amérique du Nord (E-U, Canada)
Sac de farine provenant du canada. Il a été brodé par une habitante de Belgique. Ce sac provient de Anhée (collection privée).
Traversant la mer du Nord une quarantaine de fois pour négocier, Hoover réussit à convaincre les Allemands d’acheminer l’aide alimentaire auprès des victimes de guerre.
Le succès du CRB sera le résultat de la coopération extraordinaire établie entre Hoover et Emile Francqui, qui, avec d'autres personnalités belges, dont le bourgmestre de Bruxelles Adolphe Max, l'industriel Ernest Solvay, Emmanuel Jansen et Edouard Bunge, avaient formé le Comité National de Secours et d'Alimentation CNSA.
Emile Francqui 1863-1935. Il est le fils de Pierre-Joseph-Jules et d'Adolphine-Marie-Josèphe Tilquin, parente du célèbre peintre de Mettet Félicien Rops |
Médailles décernées aux membres du CNSA après guerre représentant la reine Élisabeth. |
Des millions de sacs de farine arriveront ainsi en Belgique. Afin que les sacs de coton contenant ces céréales ne soient pas récupérés par les Allemands, ils étaient donnés aux écoles ou à certaines associations. La toile de coton fut ainsi utilisée pour confectionner des vêtements, des accessoires, sacs, et autres éléments.
Les Belges, en remerciement, brodèrent et renvoyèrent certains sacs aux Etats-Unis et à Mr Hoover. Certaines femmes brodaient à la laine sur les logos de l'usine et y inscrivaient des messages de gratitude pour les Américains. Ces conceptions tout à fait originales étaient de véritables œuvres d’art. De nombreux de ces sacs sont conservés au « Herbert Hoovert Presidential Library and Museum » dans l’Iowa
http://www.hoover.archives.gov/exhibits/Hooverstory/gallery02/index.html
Herbert Hovert (31e président des E-U) devant sa collection de sacs brodés ré-envoyé par les Belges avec des messages de gratitude. | Bois Seigneur Isaac: portail du prieuré. Remarquez sur la photo de gauche, le 2e sac provenant de cette localité |
Lorsque l’Amérique entre en guerre, la situation devint problématique.
La communauté internationale créa alors un nouveau comité composé de sujets espagnols et néerlandais pour remplacer la CRB dans l’exercice de ses fonctions en Belgique.
Ci-dessus, extrait d'un courrier de destiné à l'administration communale de Biesme du Comité Hispano-Néerlandais pour le ravitaillement"
Ci-dessus, extrait d'un courrier de destiné à l'administration communale de Ermeton-sur-Biert du "Comité Néerlandais de Ravitaillement"
Comité local d'alimentation de Biesme en 1918
La couque et la soupe scolaire
Le programme de la Soupe scolaire, instauré depuis le 6 août 1914 par le Comité National de Secours et d’Alimentation, avait pour objectif de donner un repas gratuit pour tous les enfants belges entre 2 et 17 ans. Une fois par jour, les enfants prenaient un repas à l’école. Une couque de pain et une soupe étaient servies aux enfants réunis autour d’une table alors que le monde se disputait autour d’eux.
La soupe était préparée par les bénévoles qui formaient un comité local par village. Ils étaient aidés par toute une organisation : Il y avait un comité provincial d’Alimentation et de Secours, un comité national : le CNSA, qui distribuaient les aliments apportés grâce à l’aide internationale.
Pour prouver que l’aide international arrivait bien aux enfants et non pas à l’ennemi, des photographes de l’organisation prenaient un cliché du repas : diverses photos des enfants de nos villages sont présentées dans l’album ci dessous.
La mise en scène est identique : les enfants tiennent leur couque et un bol entourée de l'enseignant et des bénévoles.
Repas scolaire à l'école de Biesme.
Cliquez pour découvrir le diaporama des différentes écoles |
Voici 3 photos dans notre entité prise en 1919 pour rendre homage à la "Commission for relief of Belgium". |
Le premier cliché de Stave, le second à Furnaux et le dernier de Biesmerée. Remarquez que la mise en scène est identique. |
Cliquez ici pour découvrir les autres photos des écoles de l'entité pendant la première guerre
Les comités d'alimentation de secours viennent aussi en aide aux indigents :
Curé de Graux :
Aucune autre oeuvre d'assistance que celle du Comité National
Saint-Gérard :
Les Comités de Secours ont contribué à faire des paresseux des secourus et des mécontents pour ceux qui n'étaient pas secourus. Les secours allant souvent à des indignes.
Furaux curé Noël :
Comme oeuvre d'assistance, il n'y eut que celles fondées par les Comités de secours et de ravitaillement
Biesme, curé Baisir:
Pendant les années d'occupation, l'assistance aux nécéssiteux fut assez régulière. La fréquentation des sacrements excellente, plus tard le manque de vêtements et de chaussures se fit sentir au détriment de la fréquentation de l'église.
Florennes :
Les divers comités fournirent aux personnes charitables l'occasion de se prodiguer (sic) et elles le firent jusqu'au bout en dépit de critiques passionnées et parfois grossières provoquées par l'insuffisance des secours et du ravitaillement
Comme le signalera le curé de Florennes et celui de Saint-Gérard, la distribution des denrées alimentaires aux nécessiteux était sujette d'un vif débat. Nous n'y apporterons aucun commentaire !
Une période de grande désolation :
L'abbé Baisir de Biesme :
Pendant les années d'occupation l'assistance fut assez régulière. Plus tard le manque de vêtements et de chaussures se fit sentir au détriment de la fréquentation de l'église.
Il faut donc croire que pendant la période hivernale les paroissiens s'absentaient d'aller à l'église par manque de vêtements chauds ou que ceux habitant loin du sanctuaire, ceux des hameaux, faisaient de même car ils étaient dépourvus de chaussures ! un récit qui témoignerait donc d'une grande précarité des villageois.
Pendant toute la guerre, une kommandantur est installée à Oret. Elle fut installée dans une maison située face à la citadelle puis, le 15 juin 1915, dans le couvent des sœurs françaises (ce qui ne faisait pas l’affaire des soldats français resté cachés qui avait pour habitude de se rendre au couvent pour chercher des provisions). Les Allemands occuperont aussi certaines habitations qui n’avaient pas étés détruites lors de l’incendie du village.
Selon les archives communale, ce fut une période de grande désolation, les archives de la mairie nous apprennent que la population a beaucoup souffert. La commune devant acheter de la nourriture aux pays-bas (des pommes de terre et du pain) afin de nourrir la population. Elle intervient aussi financièrement pour aider des habitants qui doivent payer l’entretien de membre de leur famille séquestré par l’ennemi(sic). De plus les Allemands non content d’avoir détruit le village en 1914 ont aussi commis des actes de destruction en novembre 1918 avant de retourner chez eux, entre autres dans les établissements scolaires. (Source : Archives communale). Il faudra à la commune d'Oret, comme aux autres communes, plusieurs années pour se relever de toutes ces épreuves.
Suivant ces différents témoignages, nous apprenons que la population ne bénéficia que de l'aide régulière du CNSA et de certaines actions ponctuelles des communes pour permettre aux habitants d'éviter la famine.
Voici une chansons composées pendant la guerre. Elle est extraite d’un livre de chant d’une jeune djobine de Mettet.
Pour la patrie (air de vers l’avenir)
I
O cœur aimant de Jésus rédempteur,
en ces temps de détresse publique.
Du haut du ciel apaise la douleur,
de la noble et chrétienne Belgique.
Aie pitié de nos pleurs, adoucis les sanglots,
que la guerre vers toi fait monter à grand flots.
Refrain
Dieu tout puissant, notre supplique
Pleine d’espoir, monte vers toi.
Oui protège toujours la Belgique et son roi.
II
O doux Jésus de toutes nos cités.
Des enfants des époux et des frères,
vaillant et fier, en braves ont quitté
leur foyer, leur famille, leur mère.
Fait qu’ils soient des héros et console nos cœurs,
en gardant le drapeaux dans la voie de l’honneur.
III
O roi des rois, ô maître des nations,
en tes mains tu tiens nos destinées.
Aux durs combats soutiens nos bataillons.
A toi la gloire, conduit nos armées.
A toi seul notre amour, en toi seul notre espoir.
O Jésus qui béni les martyrs du devoir.