Antoine Verriele soldat du 43e régiment tué à Saint-Gérard

Antoine Verriele, licencié en droit de la faculté catholique de Lille était natif de Winnezelle commune des Flandres françaises, département du Nord. Il à 24 ans lorsqu'il part en guerre au sein du 43e régiment d'infanterie.

Il est mortellement  blessé  par un obus​ lors des combats à Saint-Gérard, dans l'après midi du 23 août. Des compagnons de son régiment raconteront à la famille les circonstance de son décès (voir l'oraison funèbre ci-après)

C'est seulement après l'armistice que la famille pourra faire son deuil car durant toute la guerre, elle gardait l'espoir de revoir leur cher Antoine vivant.

Il y a son sujet l'anecdote suivante : lors du conseil de révision ayant retiré ses lunettes, car il craignait d'être reformé compte tenu de sa mauvaise vue, il fut incapable de lire les tableaux présentés ni même d'écrire correctement. Sa fiche d'incorporation comportera la mention suivante "ne sait ni lire ni écrire, licencié en droit.....!"

 

l'oraison funèbre d'Antoine Verriele fut écrite et lue lors de sa messe d'enterrement par son oncle l'abbé Antoine Verriele grand théologien supérieur de Saint Sulpice

 

À la mémoire de notre cher ANTOINE !  

Me permettez-vous de lui faire le solennel adieu, et de vous retracer l’histoire enfin connue de ses derniers instants ? …  
O mon cher Antoine, ta mort est pour ta famille un honneur : par ton sang versé pour la France.  
Par toi, l’œuvre de ta vie est accomplie. Elle fut brève ; oh trop brève, tes années, pour ton pauvre père inconsolable, pour ta bonne mère, hélas ! Si regrettée ; pour tes sœurs chéries.
 Mais dans sa rapidité, ton œuvre fut achevée, grande, belle … Oui, « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie, « Méritent qu’à leur tombeau la foule vienne et prie, «  Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau « La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau. »   (Victor Hugo, « Hymne »)  
Pour toi, Antoine, tombé au premier jour, au rang le plus avancé de l’armée française jetée au-devant de l’inique invasion, tu as parfait ton œuvre en ce rapide sacrifice, pour le salut de la France et du monde : sacrifice le plus grand, pour la cause la plus sublime …  
Ce don de toi-même, tu l’as fait de grand cœur, l’âme en paix, fortifiée au départ par les sacrements de l’Église …  
Toutes tes années de jeunesse avaient été des années de travail, dans une simplicité modeste. Tu as eu le temps seulement par tes succès, par ton application, par ton affection filiale constante, d’être la joie et l’espoir de ton père et de ta mère.   
Ton nom vivra, honoré, chéri, parmi nous.  Ton âme, nous en avons la confiance, vit en Dieu, en l’immortel bonheur. Nos prières, depuis 5 ans, et quand l’espoir restait encore au cœur de ton père et de ta mère de te revoir ici-bas, nos prières ne t’ont pas manqué. Et si quelqu’un resté de dette envers l’Infinie Justice arrêtait encore ton entrée dans la plénitude du bonheur, nos prières plus ardentes en ce 5e anniversaire t’obtiendraient enfin la couronne de béatitude.   
C’est donc un soir de bataille, il y a 5 ans, jour pour jour, ce 23 août, que tu es tombé. On t’avait vu 2 jours auparavant. On écrivait que tu marchais vigoureux, l’air d’un guerrier.  Tu écrivais toi-même que, après de rudes souffrances, suite à ces 15 jours de marche à travers l’Ardenne et la Belgique, maintenant tu prenais le dessus, aguerri.  Tu allais « de bon cœur », comme tu l’avais crié au passage du défilé du 43e partant de Lille …  … Cependant, les 1ers combats livrés, l’arrêt de notre marche du 15 au 21, causé par le retard de nos alliés, en conséquence notre hésitation, qui n’échappait pas à ta pénétration passionnément attentive à ce cours de notre histoire nationale, curieuse de la marche de l’évènement militaire, si longtemps préparé, pour le salut de la Patrie.  Et tu avais le pressentiment de notre position aventurée, d’un coup tragique imminent, pour notre armée lancée généreusement au secours de la Belgique fidèle.  Ces jours-là, en effet, partageant amicalement avec les camarades, vos  émotions  tu leur diras que c’était bien le moment, « demain, leur disais-tu, ce sera trop tard ? … »  Tu avais donc vu clair !  Tu as aperçu le péril dans sa proximité redoutable. Et tu l’as pris bravement, en soldat courageux, à la française.  
Au départ, tu avais préparé ton âme, en bon chrétien. Et maintenant, devant le danger, ton cœur est prêt pour l’holocauste.   
Voici comment s’est accompli les événements de ces terribles journées :  21, 22 août, sanglants combats des 3e et 10e corps à Charleroi contre des forces supérieures.  Dimanche 23, le 1er corps va se jeter dans la bataille, et peut-être arracher la victoire, quand la nouvelle de la chute trop rapide de la défense belge à Namur, puis le forcement des ponts de la Meuse, à notre droite.  Alors, le 23 à midi, la retraite s’impose : la Vaste, la merveilleuse retraite qui s’achèvera par la Victoire immortelle de la 1ere  Marne : salut de la France et du monde.  Mais elle ne fut possible, cette retraite, incroyablement difficile, que si des corps d’élite se sont sacrifiés pour la couvrir, faisant barrage à l’ennemi !  
À Saint Gérard, le 43e fut l’un de ces régiments : un grand nombre de tombes aujourd’hui y portent le chiffre de ton régiment. En plus, cher Antoine, de ces braves, tu fus l’une de ces victimes généreuses.  
C’est vers 4 h du soir. Déjà l’infanterie avait défilé, l’artillerie restant seule à arroser de ses obus l’avance ennemie. Tu es du dernier soutier d’infanterie. Tu partais à ton tour, quand est venue ton heure !  Après avoir descendu par les chemins creux de Saint Gérard et remonté la pente vers le bois voisin, à la lisière du bois dans la prairie qui le longe, près du chemin de passage, des obus s’abattent, car nos batteries présentes sont repérées. Un projectile vient sur toi. Son souffle te projette en l’air, un éclat te blesse au flanc, tu retombes, le côté baigné de ton sang qui ruisselle.  Alors, à cette heure d’un beau jour finissant, sentant la vie lentement te quitter, tu as éprouvé dans toute sa splendeur qu’ « il est beau et qu’il est doux de mourir pour sa Patrie ». 
(L’inscription sur le monument du cimetière militaire de Saint Gérard)  
Oh ! tu souffrais atrocement, ton sang s’écoulait.  Un artilleur ( Jéremie Degraeve) voulut te prendre.  
« Non ! Non ! » 
Tu sentais que c’était inutile, que c’était le temps de mourir. 
« Laissez-moi ! Laissez-moi ! ».
 Et tu retombes, seul. 
Les Français sont partis. L’ennemi déjà est à Saint Gérard, à 1000 mètres. 
35 maisons sont en flammes. À droite, à gauche, 4 villages s’allument.
Au sommet de cette pente, tu souffres et tu meurs, parmi les lueurs rougeoyantes, les incendies, torches gigantesques sur le ciel, dans le fracas de la bataille.  
Sûrement, tu as senti, avec l’horreur, la magnificence sublime de cette heure, ta dernière heure !
 
Soldat de France, cher Antoine, sur ce haut plateau, projeté vers le Ciel, avec ton sang qui jaillit, vraiment, tu es mort dans le baiser du Christ. Tu as un peu partagé son sacrifice.  Qu’il te soit réservé une part à son Ciel, c’est notre espérance. Par-delà ces apparences de mort et de destruction, seules visibles à nos yeux, notre foi te proclame heureux. Oui, heureux !   « Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles   « Avec tout l’appareil des hautes funérailles  « Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu   « Couchés dessus le sol, à la face de Dieu !   « Heureux ceux qui sont morts, mais dans une juste guerre ! » (Charles Péguy)   

Calvaire offert par la famille Verriele Wemaere afin d'honorer la mémoire des 58 soldats du village tué lors de la Guerre 14-18 Faire part de décès 

Lettre du père d'Antoine concernant la mort de son fils

 

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