Le rôle de l'aviation allemande

Le 06 août, des avions survolent notre région. Ils sont repérés par le Baron de Waha au château de Beauchêne, situé dans les Biert, au sud d’Ermeton. Ce dernier les identifie comme des avions allemands bien qu'il pourrait s’agir des avions français signalés ce jour-là par un cavalier du 29e dragons. A l’époque, il est difficile d’identifier ces avions de bois et de toile claire, et, les soldats français tirent sur tout ce qui vole, ennemi ou ami !   

Le Baron précise:

Du 07 jusqu’au 11, les aéroplanes continuent leur survol.
14 août, les aéroplanes allemands, si  reconnaissables à leur queue en cœur sont plus nombreux que jamais, ils volent à haute altitude afin de rester ainsi hors de portée de la fusillade enragée avec laquelle les Français les accueillent ! 
Le 19, un monoplan allemand vole audacieusement au-dessus de toutes les troupes françaises qui le canardent.  

 

Château de Beauchène dans les campagnes des Biert Taube allemands.

Le 23, entre Biesme et Oret, les Allemands comptent bien utiliser l’aviation pour repérer les positions françaises avant qu’ils ne s’engagent dans la bataille. Ainsi de grand matin, venant de Gougnies, des éclaireurs allemands se dirigent vers la localité de Biesme à bord d’une voiture découverte pour accomplir une étrange mission. 
Quelques minutes auparavant, Jules Carly venant du village, arrive au château Toussaint transformé la veille en hôpital afin d’y apporter son aide. A sa grande surprise, tous les soldats blessés ont été évacués. Il n’y rencontre que trois blessés légers français. Alors qu’il est pleine discussion avec eux la voiture chargée d’Allemands surgit promptement. Après avoir fait prisonniers les trois Français, nos éclaireurs se dirigent directement vers une habitation toute proche du château où demeure un personnage quelques peu étrange d’origine luxembourgeoise. S’agit-il d’un espion à leur solde ? Jules Carly est obligé par les soldats de déplier dans un champ jouxtant cette habitation des rouleaux d’étoffes afin de former une grande croix blanche. Une fois la mission accomplie Jules Carly est libéré et les soldats filent en direction de Châtelet.
Pas de doute, ce stratagème est destiné à guider l’aviation afin de reconnaître les forces que les allemands ont devant eux. Malheureusement pour les Allemands, les Français observent de leur position, cet étrange manège et à peine l’automobile est-elle partie que des cavaliers français viennent enlever cette balise. 

Néanmoins, pendant les combats, l’armée allemande utilise efficacement l’aviation sur toute la longueur du font. Ces avions permettent aux Allemands de découvrir la position des batteries et  des rassemblements de troupes ennemies. Les bombardements qui s'en suivent désorganisent les Français qui doivent faire reculer les unités découvertes et à portée de canons. Dans l’après-midi du 23, l’aviation allemande effectue plusieurs passages au-dessus d’Oret-Wagnée (14h30, 17H00). 
Le 47e régiment (20e division) bivouaque début d’après-midi à Coroy. Sa position est détectée par un avion et de suite, elle est arrosée d’obus. Le régiment doit se replier entre Pavillon et Florennes. 
Les positions de la 19e division (vers Furnaux) sont trahies par le passage d’un avion à 17H00. A 17H30, ces unités sont bombardées par l’artillerie lourde et doivent changer leur position (J-M 270e RI).

Journal de marche de la 37e division d'infanterie, parc d'artillerie, service de santé divisionnaire:

9H00, l'artillerie allemande ouvre le feu après une reconnaissance d'aéroplane sur le carrefour* occupé par le poste de commandement du QG de la division  et les batteries en position à proximité. Tirs prolongés et puissants toute la journée

*carrefour du circuit de Mettet

Hanzinele, récit du curé:
Samedi 22 à 22H00 les Français allaient prendre position de combat dans la prairie "Sonceau" et les bois environnants. Ces troupes ayant été découvertes le dimanche matin par l'avion boches, celles-ci se sont installées dans le village même et en ont fait une forteresse. 

À St-Gérard, le groupe Durant du 15e RAC, est repéré par des avions subit des tirs efficaces d’artillerie lourde. Au moment où ce groupe amène les avant-trains, il est écrasé par plusieurs salves d’obus explosifs qui tuent une partie du personnel et des chevaux.

Quant à l’aviation française, elle est utilisée à ce moment pour des opérations de repérage de grande envergure. Les pilotes informent les QG des positions ennemies mais la lenteur des transmissions ne permet pas d’égaler l’efficacité allemande.
L’aviation ne sera utilisée que bien plus tard pour des missions de guidage d’artillerie. 
Ainsi, le 29 août, le capitaine Massenet de Marancour attaché à la 5e armée invite de sa propre initiative les artilleurs à tirer sur des positions qu’il vient tout juste de repérer précisément. Les artilleurs étonnés ne répondent pas à son invitation et il faudra l’intervention d’un chef d’état-major pour les obliger à se mettre en batterie.

Le Taube, traduisez "la colombe". Les premiers avions étaient véritablement inspirés sur la morphologie des oiseaux.

Pour l’anecdote, il n’y a pas que les avions qui sont la cible de « tirs amis » : 
«un pigeon voyageur rentrant dans nos lignes et pris pour un pigeon allemand a été tué d’un coup de fusil. Il est rappelé à cette occasion que le tir sur des pigeons voyageurs est formellement interdit »  J-M de  la19e brigade.

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